Y a t-il plus fourbe que la fourbure?!
La fourberie, ou l’art de tromper l’autre avec une adresse sournoise…
A ne pas confondre avec la fourbure, affection invalidante aux conséquences parfois gravissimes, rencontrée bien trop souvent chez les équidés… Et pourtant, nul ne pourrait nier que la similitude de l’étymologie de ces deux termes peut se révéler criante, tant cette pathologie peut saborder insidieusement le bien-être de nos chevaux.
Qu’est ce que la fourbure, finalement ?
Grossièrement et dans sa manifestation clinique la plus brute, il s’agit d’une congestion et d’une inflammation massive des tissus lamellaires du pied, extrêmement douloureuse et handicapante.
L’animal soufrant est souvent en incapacité totale de se déplacer et adopte des postures antalgiques caractéristiques pour tenter de soulager la douleur et la pression sur ses pieds. La cascade de perturbations est lourde de conséquences et peut occasionner une bascule de la 3ème phalange, sagement logée dans le sabot. Cet effondrement osseux est même susceptible d’aller jusqu’à la perforation de la sole (plancher du pied) dans les cas les plus extrêmes…
A première vue, on pourrait penser qu’il s’agit donc d’une pathologie purement locomotrice, dont les causes sont vraisemblablement mécaniques. Mais si elles peuvent en effet l’être, l’étiologie de la fourbure est autrement plus complexe que cela. Un peu de théorie s’impose !
Dans l’approche classique, sous le prisme de la « phalange suspendue », il est dit que le poids du cheval repose sur son ongle (sabot) et que le tissu lamellaire assure la cohésion entre la couche externe (keraphylle) et la couche interne du pied (podophylle), de sorte que toute perturbation importante de l’irrigation de ce tissu met en péril la stabilité de la 3ème phalange. Celle-ci serait donc en « suspension » grâce à l’intégrité et à la résistance des fameuses lamelles…autant dire que c’est une sacré responsabilité que d’assurer la pérennité du socle de la colonne osseuse ! Tel est le lourd fardeau de l’ongulé !
Un autre courant de pensée, plus physiologique, nous est relayé par les travaux et recherches de plusieurs experts du domaine, comme K.C LaPierre ou P.Ramey. Le pied de l’équidé aurait un fonctionnement primaire assez similaire à ceux d’autres espèces, reposant sur un coussinet plantaire qui lui sert de support de propulsion et d’amortissement. Les lamelles assurent effectivement la cohésion entre les tissus dermiques et épidermiques, mais elles ne constituent pas un élément structurel de support majeur. Ce qui change pour ainsi dire TOUT à la compréhension du phénomène de fourbure !
Schémas représentatifs d’un pied évoluant vers l’effondrement interne
Sources photos : www.equipedia.ifce.fr - M.Delerue
De la théorie à la pratique : quelles peuvent en être les causes ?
Les causes de fourbure sont multiples, et la fourbure est multifactorielle. Point.
Non, évidemment, l’explication ne s’arrête pas là, et sans rentrer dans des détails trop rébarbatifs, voici un rapide tour d’horizon des causes principales de fourbures.
-
Cause métabolique : intoxications alimentaires, troubles hépatiques, dysbiose intestinale, syndrome métabolique et insulino-résistance, balance énergétique déséquilibrée…
-
Cause endocrinienne : épuisement pancréatique, syndrome de Cushing, stress aigu et chronique, bouleversements hormonaux (impact de l’imprégnation oestrogénique) …
-
Cause iatrogène : conséquences de l’administration ponctuelle ou répétée de certaines molécules médicamenteuses (notamment les corticoïdes et certaines classes d’antibiotiques)
-
Cause infectieuse : infections froides (piroplasmose, maladie de Lyme…) ou virulentes comme une rétention placentaire à la mise-bas (fourbure de parturition)…
-
Cause traumatique : surcharge d’appui aigue (exemple : suppression d’appui de l’autre membre fracturé imposant une pression trop importante sur le membre opposé) ou chronique (travail intensif et déraisonné sur sols durs,…).
A cela, on peut aussi ajouter le facteur : un défaut d’entretien et/ou un parage inadéquat (ne respectant pas l’équilibre du pied et du cheval dans son individualité)
peut être considéré comme un potentiel élément déclencheur et aggravant.
-
Facteurs génétiques : polymorphismes génétiques induisant l’expression de certains gènes important dans la régulation du métabolisme glucidique/lipidique
Mince, ça en fait des causes possibles ça, on comprend donc que l’équation qui mène à la fourbure est beaucoup plus compliquée qu’il n’y paraît et que cette pathologie n’est certainement pas à classer comme étant juste « un problème de pied ».
Les manifestations locomotrices ne sont que la partie émergée de l’iceberg !
OK, mais comment y échapper ?
Pas si simple, et pas impossible non plus ! Il faut déjà s’attacher à comprendre les mécanismes qui ont conduits l’animal à cette issue, car avant que la fourbure ne soit manifeste, l’organisme, dans sa quête de résilience, a mis tout en œuvre pour compenser les déséquilibres successifs…jusqu’à ne plus pouvoir : la maladie émerge.
Cela ne veut pas dire que c’est une fatalité, loin s’en faut. Mais bien qu’il soit absolument nécessaire d’apporter des soins/solutions thérapeutiques aux dégâts sur les pieds (conséquences), il est impératif de chercher l’ensemble des facteurs impliqués dans ce processus (causes et déclencheurs). Par exemple, il n’est pas rare de voir un épisode de fourbure subclinique (conséquence), survenue suite à un stress émotionnel (déclencheur) sur un cheval porteur de la maladie de Lyme (cause). Manque plus qu’il soit mal paré…Ça en fait des paramètres ça !
Il est évident qu’une rémission/guérison, mais mieux encore une prévention de la fourbure est possible en essayant de tout mettre en œuvre pour que l’organisme puisse fonctionner au plus proche de sa physiologie naturelle, dans un état d’équilibre relatif (et évolutif selon le profil de l’animal) et dans le respect de l’individualité.
Cela passe par une approche éthique, pratique et flexible, mais aussi et surtout par une compréhension profonde des besoins physiologiques de l’équidé en termes d’environnement, d’alimentation, d’activités, de soins médicaux et podologiques,…
Il est crucial d’être entouré de praticiens qualifiés et expérimentés pour permettre de réunir l’ensemble des conditions propices au maintien de la bonne santé !
Et les plantes dans tout ça, ça peut aider ?
Oui, sous réserve d’avoir bien compris les tenants et aboutissants de l’affection, et d’avoir mis en place le process permettant d’améliorer/optimiser les conditions de vie.
En pratique, de nombreuses fourbures trouvent leur origine dans des troubles endocriniens et métaboliques liés à des conditions de vie inappropriées à la tolérance de l’animal et/ou à des pathologies sous jacentes (cushing). La fameuse SME est tout à fait réversible et s’apparente en tout point au syndrome métabolique rencontré chez l’homme, véritable fléau de civilisation.
En accompagnement des mesures diététiques et environnementales, la phytothérapie sera d’un grand secours pour favoriser le retour à de saines fonctions métaboliques et hormonales : amélioration de la sensibilité à l’insuline, stimulation de la circulation sanguine et lymphatique, soutien des voies de détoxication naturelles (émonctoires), intégrité et diversité du microbiote intestinal (et de sa précieuse muqueuse), recherche d’un meilleur équilibre endocrinien …
Aussi, il serait délicat d’énoncer un « remède » commun à cette affection qu’est la fourbure, car la prise en charge dépend en grande partie des causes isolées ET concomitantes.
Certaines plantes semblent avoir une action efficace dans la régulation de la glycémie et de la sensibilité à l’insuline, comme l’épine-vinette (la berbérine est le principe actif le plus prometteur à cet effet), la cannelle, l’ail, ou le gymnema. D’autres végétaux qui participent au renfort hépatique (chardon marie…), à l’équilibre intestinal et au fonctionnement thyroïdien offrent aussi des bénéfices. Gardons en tête que l’équilibre alimentaire reste la priorité.
Je vous invite à lire les descriptifs de certaines synergies phares comme PHYTO DTOX SME (syndrome métabolique), PHYTO DTOX MAX (soutien lympho-circulatoire), PHYTO SENIOR (cushing et vieillissement), ou encore PHYTO FLOR (équilibre intestinal).
PHYTO DOL peut aussi être une aide transitoire lors d’épisodes aigus de fourbure, en sa casquette de soutien naturel contre les inflammations et douleurs. A manier cependant avec précaution, comme toute classe d’anti-inflammatoire, n’oublions pas que l’inflammation est une réaction immunitaire face à un état de détresse/une menace, et si elle est délétère lorsqu’elle est chronique ou secondaire à un déséquilibre profond (hyperinsulinisme…), l’inflammation reste une réponse physiologique absolument vitale dans certains cas !
Dans tous les cas, gardez à l’esprit que la fourbure reste une urgence médicale et qu’il est toujours souhaitable de faire intervenir le plus rapidement possible un vétérinaire et un podologue/maréchal ferrant…ainsi qu’un peu de bon sens et un zeste de naturopathie !

