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UN PAS VERS LA VERMIFUGATION RAISONNEE

 

 

Le cheval est un hôte de prédilection pour de nombreux parasites, et particulièrement pour les parasites digestifs. Communément appelés « vers », ils évoluent dans le système digestif (et parfois en dehors) de l’animal, causant parfois de graves désordres, si leur population n’est pas maîtrisée...

 

1/ Les principaux parasites du cheval


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2/ Cerner le profil parasitaire

Le profil parasitaire définit l’ensemble des caractéristiques propres à l’animal qui vont influer sur l’état de son parasitisme.

Cet état parasitaire va varier au fil des saisons, mais aussi selon l’âge, l’alimentation, l’état de santé générale, et plus étroitement encore, selon l’environnement de chaque animal. 

  • La saison

Chaque type de ver a un cycle de vie et de reproduction qui lui est propre, ainsi qu’un biotope déterminé. Le climat, la nature du sol, l’hygiène de la pâture forment un milieu de vie favorable à certains types de parasites. Strongles, ascaris, oxyures et ténias sont fortement présents aux beaux jours (printemps, été, automne). L’incidence des gastérophiles est plutôt forte après l’été (été/automne). Alors que les anguillules (strongyloides) profitent davantage de la période hivernale. A retenir que la plupart des infestations ont lieu au printemps et à l’automne, périodes où le climat est particulièrement propice au développement des parasites. Mais il faut tout de même rester vigilant durant la saison froide : car si seulement 5% des vers résistent aux conditions hivernales en milieu extérieur, ils ont en revanche toute tranquillité pour se développer dans le tube digestif du cheval.

  • L’âge

Les poulains et les jeunes chevaux ont une sensibilité particulière aux parasites, du fait d’un manque de maturité de leur système immunitaire. Environ 70% des poulains (6 mois à 2ans) sont fortement parasités par une ou plusieurs espèces. A savoir que certains types de vers infestent principalement les jeunes (ascaris, anguillules notamment). Les chevaux âgés ont aussi une plus grande fragilité aux parasites, en raison d’un organisme moins performant.

  • L’alimentation

Si il est facile de comprendre l’impact de l’environnement direct du cheval sur le parasitisme, il est moins évident de trouver une corrélation entre parasites et alimentation. Or, l’équilibre alimentaire est un facteur crucial pour maintenir l’organisme en bonne santé. Une carence ou un déséquilibre en nutriments … un apport trop élevé en glucose (amidon et sucres simples) ou en protéines … un volume alimentaire inapproprié à la physiologie du cheval … une transition alimentaire non respectée … Autant d’impasses qui peuvent avoir des conséquences néfastes sur la santé générale, l’équilibre du microbiote intestinal, et sur les défenses naturelles de l’organisme. Or, un cheval immuno-déprimé ou à la flore intestinale déséquilibrée sera un hôte de choix pour les parasites…

  • L’état de santé

La notion d’état de santé général est intimement liée à la qualité de l’alimentation et des soins que l’animal reçoit. Mais parfois, en dépit de soins rigoureux, il demeure une fatalité : certains chevaux sont plus fragiles que d’autres ! Raison pour laquelle il convient de traiter chaque cheval dans son individualité, en tenant compte de ses faiblesses.

  • L’environnement

Le lieu de vie est un des éléments le plus important à prendre en compte en question de parasitisme. Plus de 80% des formes parasitaires du cheval sont issues du milieu extérieur...La nature du sol, l’hygiène et la diversité de la pâture sont déterminants dans le développement parasitaire, et par conséquent, dans l’infestation des animaux qui y vivent. De même, il faut évaluer le rapport entre le nombre de chevaux  et la surface disponible : un surpâturage est toujours néfaste à la qualité de la prairie (recommandation classique : un hectare par cheval).

Le schéma ci-dessous montre l’impact de l’environnement sur le parasitisme des chevaux, d’où l’importance de l’entretien des pâtures pour réguler la population parasitaire à moyen-long terme.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

3/ La gestion parasitaire

Nous avons donc vu précédemment que le cheval se contamine de façon constante avec des parasites, notamment lorsqu’il est au pâturage. Mais tant qu’il existe un équilibre entre l’animal et ses parasites, le cheval est en bonne santé et vit avec ses hôtes dans une certaine harmonie. Par contre, si la population parasitaire vient à accroître drastiquement, l’équilibre est rompu au profit des parasites, et ceux-ci représentent alors un réel danger pour le cheval. Si de nombreux symptômes peuvent évoquer l’action pathogène des vers (diarrhées, coliques « sourdes », œdèmes, amaigrissements, perte d’appétit, baisse de forme, pelage terne,…), il existe différents moyens pour évaluer la charge parasitaire, et la restreindre si besoin est.

      A/ Moyens d’évaluation

Pourquoi chercher à évaluer l’état parasitaire d’un cheval, alors qu’il existe de nombreuses molécules vermifuges pour détruire les vers ? Parce que vermifuger un cheval n’est pas un acte anodin ! Pour conserver à ce médicament toute son efficacité, il est crucial de l’utiliser de façon raisonnée. Une vermifugation régulière et « à l’aveugle » engendre divers désagréments :

  -    Diminue l’efficacité intrinsèque du produit : les parasites s’adaptent et parviennent à lutter contre les molécules vermifuges, on parle de « phénomène de résistance »

  -     Fragilise la flore intestinale du cheval, par une utilisation abusive d’anti parasitaire chimique et potentiellement toxique. Or, une flore déséquilibrée expose à une infestation parasitaire à long terme…

  -     Ne tient pas compte du profil parasitaire de l’animal (âge, état de santé, alimentation…), qui est néfaste à moyen terme pour le cheval et les congénères qui partagent son lieu de vie

Alors que faire ?  Evaluer l’état parasitaire grâce à certains outils diagnostics.

  • Observation de l’état général : Ouvrir l’œil !

De nombreux symptômes peuvent évoquer l’action pathogène des vers sur l’organisme du cheval : présence de larves/vers dans les crottins, diarrhées, coliques « sourdes », œdèmes des parties déclives, amaigrissements, perte d’appétit, baisse de forme, pelage terne, « gros » ventre, démangeaisons au niveau de l’anus (oxyures),… Ces signes « classiques » restent malgré tout aléatoires, et ne nous renseignent pas sur la quantité et le type de parasites concernés…

  • La coproscopie : Définir le statut parasitaire !

La coproscopie est l’analyse d’un échantillon du crottin du cheval, en vue d’effectuer un bilan parasitaire. Elle nous renseigne sur le nombre et le type d’œuf de parasites, recueillis par gramme de crottins (opg).

Par cette quantification, elle permet d’établir un statut parasitaire du cheval : en dessous de 300 opg, on parlera de « faible excréteur », au dessus de 300opg, il s’agira d’un « fort excréteur ».

On estime que 20% des chevaux adultes sont des « forts excréteurs », et qu’ils sont responsables de 80% de la contamination de l’environnement.

On comprend alors qu’il est essentiel d’identifier ces chevaux-là, et de les traiter par un programme anti parasitaire rigoureux.

A contrario, les « faibles excréteurs » ne devraient pas être vermifugés systématiquement : ils constituent ce qu’on appelle un « refuge de sensibilité », c’est-à-dire un réservoir de parasites non-résistants (car n’ayant pas été confrontés à des molécules vermifuges)…

Quelle utilité à garder un réservoir à parasites !? A force d’utiliser à tort nos molécules anti parasitaires, les parasites tendent à devenir « chimio-résistants », c’est-à-dire qu’ils résistent aux vermifuges. A chaque nouveau traitement, les parasites les plus faibles sont éliminés, et les plus forts deviennent de plus en plus résistants. Bientôt, par sélection naturelle, il ne restera plus que des parasites archi-résistants, qu’aucune molécule ne sera en mesure d’atteindre…D’où l’importance de ne pas vermifuger les faibles excréteurs qui participent à la survie de parasites non-résistants.

  • L’analyse de sang : Bon sang ne saurait mentir !

Une analyse de sang peut également être un moyen supplémentaire pour confirmer ou infirmer une infestation parasitaire. Une augmentation leucocytaire, au profit des éosinophiles notamment, peut évoquer un parasitisme anormal. De même, une baisse (fuite) de protéines totales et des minéraux (ionogramme) peuvent être observées en cas d’infestation massive.

  • Limites de ces examens : Interpréter prudemment !

Ces divers moyens d’évaluation doivent être utilisés comme des outils pour juger de l’état parasitaire de l’animal, et de la gestion qui en découle. Car, bien qu’apportant de nombreuses informations, ils ne sont pas infaillibles…

En effet, certains vers ne sont pas ou peu détectables par  coproscopie (ténias, gastérophiles, larves de strongles enkystées, la plupart des oxyures…), et il convient donc d’interpréter les résultats avec prudence, et de recourir 1 à 2 fois par an à une vermifugation startégique.

       B / Moyens de lutte

Nous avons donc établit les pré-requis à une vermifugation sélective et raisonnée : le profil et le statut parasitaire. Mais de quels moyens de lutte disposons-nous pour gérer la situation ?

  • Entretien des lieux de vie

L’hygiène et l’entretien du lieu de vie de l’animal sont primordiaux pour lutter contre la prolifération parasitaire. Il est faux de croire que seuls les chevaux vivant au pré sont susceptibles de se ré-infester. Aussi, un nettoyage rigoureux des litières, des abris, des abreuvoirs et des mangeoires est nécessaire. L’entretien des prairies et des paddocks est également indispensable : ramassage hebdomadaire des crottins, broyage des zones de refus, chaulage annuel,…

  • Alimentation équilibrée

« L’alimentation est notre première médecine… », d’après Hippocrate ! Pour conserver un bon état de santé général, une nutrition adaptée aux besoins de l’animal, et équilibrée en nutriments est primordiale. La première chose à faire pour avoir un cheval en bonne santé est de ne pas oublier qu’il est avant tout, un cheval ! Et donc un herbivore, appréciant de partager sa vie et sa touffe d’herbe avec ses congénères. Le maître mot est donc « fibre » : herbe et foin, en qualité et quantité correcte et adaptée à ses besoins propres.

  • Les vermifuges

Du Latin, « vermis » -vers-  et  « fugare »  -chasser-, les vermifuges sont des produits anti-parasitaires qui visent à éradiquer les parasites digestifs.

Nous avons à notre disposition plusieurs classes de molécules vermifuges (ivermectine, moxidectine, pyrantel pamoate…), chacune ayant un champ d’action prédéfini. Il est donc indispensable de les utiliser à bon escient pour qu’elles demeurent efficaces et de toxicité moindre. Ainsi, avant d’utiliser un vermifuge, n’oubliez pas :

     - De demander l’avis et le conseil de votre vétérinaire : les vermifuges sont des médicaments puissants

     - D’évaluer le plus précisément possible le poids de l’animal : un sous-dosage est particulièrement néfaste et expose à des résistances

     - D’adapter le choix de la molécule au profil parasitaire (saison, âge, environnement, résultats coproscopiques…)

  • Les « anti-parasitaires » naturels

Très en vogue depuis quelques années, les produits anti-parasitaires à base de plantes et huiles essentielles viennent compléter l’arsenal thérapeutique dont on dispose pour lutter contre les vers digestifs. Appelés abusivement « vermifuges naturels », ils ne doivent pas être assimilés aux vermifuges conventionnels. En effet, ces produits naturels n’ont pas le même mode d’action ni la même efficacité, et il serait potentiellement dangereux de ne se fier qu’à eux pour réguler la population parasitaire.

Cela veut-il dire qu’ils sont inutiles et inefficaces ? Absolument pas !

Ils n’ont simplement pas la même vocation, et ils doivent donc être utilisés dans un contexte bien précis. Ces anti-parasitaires naturels ont de nombreuses indications :

  • Compléter le programme de gestion parasitaire conventionnel, pour un animal sain ou pour un cheval fortement infesté

  • Réguler le parasitisme chez les « faibles excréteurs », pour éviter un recours systématique aux chimiques

  • Améliorer l’auto-régulation parasitaire du cheval, en optimisant l’hygiène intestinale et les défenses naturelles

  • Contribuer à limiter les résistances, notamment pour les chevaux subissant une infestation récurrente (parasites devenus résistants aux molécules conventionnelles)

  • Gérer naturellement le parasitisme des chevaux ne pouvant supporter passagèrement un traitement anti parasitaire chimique (mauvais état général, troubles digestifs aigus, problèmes métaboliques type fourbure, …)

Ils sont donc utiles dans de nombreuses circonstances. En règle générale, ces produits sont extrêmement bien tolérés, et facilement acceptés. Ils n’engendrent pas de résistances. L’efficacité des anti-parasitaires naturels dépend directement de leur composition, et de leur bonne utilisation (respect du mode d’emploi et des conditions d’usage). A savoir, cependant, qu’il peut y avoir quelques restrictions d’utilisation, selon les compositions biochimiques (juments gestantes, très jeunes animaux,…).

 

En résumé, il faut absolument procéder à une vermifugation sélective et raisonnée, grâce aux divers moyens d’évaluation et de lutte dont nous disposons. Une bonne gestion parasitaire doit s’inscrire dans une approche holistique, c’est-à-dire en tenant compte de l’ensemble des éléments impliqués dans la problématique (statut parasitaire, environnement, profil de l’animal…).

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